Le neem, L'alternative biologique contre les attaques fongiques
L’huile de neem : un fongicide naturel et une alternative durable aux produits chimiques
L’agriculture ivoirienne, notamment la cacao-culture, est confrontée à de nombreux défis sanitaires. Parmi eux, la pourriture brune des cabosses de cacaoyer (Phytophthora spp.) figure comme l’une des principales causes de pertes, pouvant atteindre jusqu’à 75 % de la production dans certaines régions.
Depuis des décennies, les producteurs s’appuient sur des fongicides chimiques à base de cuivre pour contenir cette maladie. Mais ces produits posent des problèmes majeurs :
-
Résistances des champignons face à certains traitements,
-
Effets néfastes sur les insectes utiles (abeilles, prédateurs naturels),
-
Pollution des sols et des eaux,
-
Coûts élevés qui pèsent lourdement sur les petits exploitants.
Face à ces limites, des chercheurs ivoiriens, POHE Jean et AGNEROH Thérèse Atcham, ont mené des travaux novateurs à l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INP-HB). Leurs recherches démontrent que l’huile extraite des graines de neem (Azadirachta indica) constitue une alternative efficace, économique et respectueuse de l’environnement.
Les propriétés uniques du neem
Originaire d’Asie du Sud, le neem, encore appelé margousier, est aujourd’hui largement implanté en Afrique de l’Ouest. Cet arbre, parfois surnommé « l’arbre pharmacie », possède de multiples vertus :
-
Ses feuilles et graines renferment de puissants principes actifs, notamment l’azadirachtine.
-
Il est reconnu pour ses propriétés insecticides, fongicides, bactéricides et même antivirales.
-
Ses extraits sont utilisés depuis longtemps dans la médecine traditionnelle et sont aujourd’hui étudiés dans le cadre de la lutte biologique.
Résultats des recherches sur la pourriture brune du cacao
Les essais réalisés sur le terrain en Côte d’Ivoire ont testé trois doses d’huile de neem (10, 15 et 20 L/ha) comparées à un fongicide de référence (à base de cuivre et métalaxyl).
Les résultats sont sans appel :
-
Dès 10 L/ha, l’huile de neem est aussi efficace que le produit chimique de référence.
-
Son action est rapide : moins d’une semaine après application.
-
Sa persistance d’efficacité s’étend sur trois semaines, ce qui réduit la fréquence des traitements.
-
L’augmentation de la dose au-delà de 15 L/ha n’apporte pas de bénéfice supplémentaire.
Ces observations confirment que le neem peut constituer un fongicide de substitution crédible aux produits chimiques de synthèse.
Atouts pour l’agriculture durable
-
Écologique : biodégradable et sans danger pour l’environnement.
-
Sans risque majeur pour la santé des agriculteurs et des consommateurs.
-
Polyvalent : agit à la fois contre les champignons et les insectes ravageurs.
-
Accessible : peut être produit localement par les agriculteurs disposant de presses adaptées pour extraire l’huile des graines.
-
Économique : permet de réduire les dépenses liées à l’achat de pesticides chimiques importés.
Conclusion
L’huile de neem n’est pas seulement une alternative, c’est une opportunité pour transformer les pratiques agricoles en Côte d’Ivoire et dans le monde. En réduisant l’utilisation de produits chimiques, elle favorise la santé des sols, la biodiversité et la rentabilité des exploitations.
Les travaux de recherche menés par des scientifiques ivoiriens ouvrent ainsi une voie prometteuse pour une agriculture résiliente, durable et respectueuse de l’environnement.

Ajouter un commentaire
Commentaires